Texte de François-Victor Bouché[1], photographies d’Antoine Versluys.

Il fait froid, il bruine, et le petit vent frais nous rappelle que nous sommes bien le denier samedi de novembre. Mais le temps rigoureux n’altère pas la joie de se retrouver pour les plus de cinquante membres de CASA qui ont fait le déplacement au week-end d’assemblée générale sur le thème « Nevers, une beauté méconnue ». Après l’accueil à la gare, la remise du badge par Jean-Baptiste, l’organisateur du week-end, nous partons en groupe en direction de l’église Saint-Étienne. Notre guide, Jean-Michel Drugeon, passionné et passionnant, est aussi président de la fédération Ars et Fides. L’abbatiale Saint-Étienne, construite par les moines de Cluny à la fin du XIe siècle est un modèle d’architecture romane. Vue du chevet, l’église retient l’attention par l’harmonie de ses proportions avec ses trois chapelles rayonnantes auxquelles font écho les deux absidioles percées dans le mur est du transept, la ligne courbe du déambulatoire que surplombe le chœur, et le transept massif qui semble veiller sur l’ensemble. Quel dommage que la haute tour-clocher de la croisée ait été arasée au XIXe siècle ! À l’intérieur, la nef à trois niveaux est couverte par une voûte en berceau qui culmine à 18 mètres de hauteur. La luminosité du transept, via différents vitraux, s’apprécie depuis la nef, quelques pas en retrait, lieu duquel notre guide nous fait aussi prendre conscience de la belle acoustique de l’édifice.

Puis nous repartons visiter l’église Saint-Pierre : exemple unique en France d’architecture jésuite, alors que ce style est très courant en Italie. Elle a été bâtie au XVIIe siècle sur le plan d’une croix grecque comme chapelle du collège de la ville. Ses grandes peintures murales en trompe-l’œil, sur la coupole et les voûtes des différentes chapelles, peintes à la fin XVIIe par des peintres italiens, pourront être appréciées à leur juste valeur une fois restaurées. Le temps de laisser passer la manifestation anti-vaccins dans la rue (« et un, et deux, et troisième dose »), nous voilà en route vers notre lieu d’hébergement, non sans avoir fait un crochet pour admirer la façade gothique de l’église Sainte-Marie-de-la-Visitation.

Une fois l’installation dans les chambres effectuée, nous prenons l’incontournable goûter dans la salle commune. Thé, tisanes, gâteaux accompagnent les discussions des participants, heureux d’échanger de vive-voix après toutes les difficultés sanitaires de ces dix-huit derniers mois. Le précédent week-end d’assemblée générale avait eu lieu deux ans auparavant à Troyes. L’an dernier, l’assemblée générale avait dû se dérouler par visio-conférence.

L’assemblée générale, nous y arrivons. Les membres du conseil d’administration dressent le bilan moral et financier des douze mois écoulés. Il faut dire qu’avec les conséquences de l’incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 et un deuxième été en période de pandémie, cette année a eu son lot d’imprévus et d’adaptations. Notons que 2022 marquera les 50 ans de présence de CASA à Notre-Dame de Paris. De plus, la vie du groupe CASA Notre-Dame reste rythmée, chaque mois, par l’organisation d’une réunion mensuelle, comprenant à la fois un temps de conférence (en lien avec la cathédrale) et un temps d’échange interne. Des questions des participants permettent au CA de préciser certains points.

Présentation du bilan financier par Laurent

Les quatre derniers participants au week-end nous rejoignent enfin à l’heure du repas : les malheureux ont été bloqués tout l’après-midi dans un train en retard. L’assemblée générale est interrompue le temps d’aller prendre notre dîner qui est servi juste de l’autre côté de la rue à l’espace Sainte-Bernadette. Au retour, le bureau remercie les membres du Conseil d’Administration qui quittent cette année leur fonction. Ils sont vivement applaudis et des livres leur sont offerts grâce au produit d’une cagnotte en ligne. Enfin, il est procédé au vote : quatre bureaux de vote sont dressés afin de permettre à tous les participants, certains étant aussi munis de procurations, de voter. Les bilans sont approuvés, et les candidats au Conseil d’Administration élus à une très large majorité. L’assemblée générale est levée. Alors que le nouveau CA se réunit, les autres participants sont libres de disposer à leur guise de la fin de la soirée. Les discussions se prolongent, sur place, ou au bar, puis les plus courageux se retrouvent tous dans la salle commune pour discuter jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Le lendemain, un solide petit-déjeuner, à nouveau pris à l’espace Sainte-Bernadette achève de réveiller les participants, ensuite de quoi nous nous séparons en trois groupes pour des visites, selon les choix de chacun.

Un premier groupe visite l’église Sainte-Bernadette du Banlay. Cette église contemporaine a été construite en 1966 sur les plans de Paul Virilio et Claude Parent, participants de l’« architecture oblique » dans la banlieue Nord de Nevers. Si l’extérieur de l’église en béton brut surprend par sa dureté, l’intérieur confirme bien à tous les visiteurs que tout est oblique ; même le sol qui est composé de deux plans inclinés se faisant face.

Un second groupe visite le Musée archéologique du Nivernais, ou « Musée de la Porte du Croux », installé dans la porte médiévale fortifiée du même nom. Le musée présente dans trois salles un ensemble de vestiges provenant principalement de la région, dont l’origine va de la période celtique à la Renaissance. Cet ensemble est remis à jour au cours de travaux ou de fouilles anciennes par la « Société nivernaise des Lettres, Sciences et Arts », une société savante créée au milieu du XIXe siècle qui édite toujours régulièrement son bulletin et anime le musée.

Enfin, le dernier groupe visite le sanctuaire Sainte-Bernadette. C’est en effet ici que Bernadette Soubirous a vécu comme religieuse chez les sœurs de la charité de Nevers durant treize ans, jusqu’à son décès en 1879.

Le sanctuaire Sainte-Bernadette

Après les visites, ceux qui le souhaitent participent à la messe, toujours au sanctuaire Sainte-Bernadette. Ce premier dimanche de l’Avent inaugure la nouvelle traduction du missel : il s’agit d’être attentifs aux antisèches lors des réponses de l’assemblée !

Nous nous retrouvons ensuite pour un apéritif puis un pique-nique dans la salle commune, avant de repartir en groupe pour la visite guidée de la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte. Nous y retrouvons notre guide, Jean-Michel Drugeon, qui nous présente cette cathédrale très particulière, à deux chœurs, l’un roman, l’autre gothique, qui se font face de part et d’autre de la nef. En 1211, la cathédrale romane est détruite par un incendie. Il est à noter qu’au premier millénaire, on trouve parfois des églises occidentées ; ici, le chœur roman occidenté et le transept, relativement épargnés, sont conservés au service de la liturgie, pendant que la cathédrale est reconstruite dans la direction de la nef. La cathédrale est désormais orientée et de style gothique.

Pour la suite de la visite, nous nous séparons en plusieurs groupes, et plusieurs guides nous font visiter à tour de rôles les différentes parties de la cathédrale. Après avoir été entièrement détruit lors du bombardement de 1944, le chœur a été reconstruit à l’identique, et repose sur une dalle de béton qui surplombe les fouilles archéologiques réalisées à cette occasion. Il comprend de nombreux éléments contemporains : le buffet de l’orgue (1975), les stalles restaurées (2017), ou plus récemment encore, l’autel et l’ambon en pierre sculptée au décor de stuc. Notre guide, par ailleurs responsable de la Commission d’Art sacré diocésaine, nous décrit l’histoire de l’autel jusqu’à sa consécration en 2019. Les vitraux sont eux aussi contemporains : ceux des chapelles du déambulatoire, de Jean-Michel Albérola, mettent en scène plusieurs épisodes de l’histoire du Salut. Aux niveaux supérieurs du chœur, les vitraux de Claude Viallat aux couleurs vives présentent des motifs répétitifs. D’autres vitraux de Gottfried Honegger, François Rouan, Markus Lupertz et Raoul Aubac inondent eux aussi la cathédrale de couleur et de lumière sur une surface totale de 1052 m².

Les fouilles sous le chœur rappellent les origines très anciennes du diocèse, qui remontent au début du VIe siècle, à la limite des territoires burgondes et francs. Le baptistère octogonal, dont il reste les fondations, date de cette époque et a probablement été utilisé jusqu’au début de l’époque romane. Juste derrière ont été mises à jour les premières pierres du portail de l’ancienne cathédrale romane.

Mais voilà déjà l’heure du départ. Tous ceux qui prennent le train, après avoir vivement remercié nos guides, doivent écourter la visite de quelques minutes pour retourner à la gare. Le week-end est passé si vite. Les discussions ont été nombreuses, joyeuses, amicales et toujours dans la bonne humeur. Un peu de vague à l’âme au retour ? Heureusement, bientôt reviendra le temps des communautés CASA, sous le chaud soleil d’été.


[1] Ingénieur ferroviaire, François-Victor a vécu sa première communauté d’été en 2021 à Assy.

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