Texte de Xavier Dubois et Claire-Elizabeth Mantel, photographies de Claire-Elizabeth Mantel.

J’avais une vague idée de Saint-Médard. Il me semblait y être passé, et c’était le cas, alors que je mangeais une crêpe rue Mouffetard, mais je la situais ailleurs. J’avais bien entendu qu’il y avait eu à la fois tumulte et miracles, sans me souvenir pourquoi.

C’était donc une bien salutaire initiative de la part de Casa Ile-de-France que de m’y emmener, le samedi 11 février dernier. Je ne semble pas avoir été le seul à avoir besoin d’en apprendre davantage, car nous étions à guichets fermés (une deuxième date de visite est d’ailleurs prévue).

Ce fut l’occasion de retrouver l’association Art, Culture et Foi, qui œuvre dans les églises parisiennes, et qui après nous avoir brièvement suspectés d’être des concurrents, nous a aimablement considérés comme des partenaires.

Après retrouvailles entre guides Casa, les questions habituelles : mais est-ce vraiment flamboyant ? N’est-ce pas renaissant ? Mais où est la limite entre les deux styles ?

La visite commence par un peu d’histoire : mais qui était saint Médard ?

Il vécut au Ve siècle après Jésus-Christ, sous le règne de Clovis, et fut évêque de Noyon puis de Soissons. Il finit ses jours et fut enterré à Soissons, où très vite il fut vénéré comme saint. Mais alors pourquoi cette petite église, située aux abords de Paris, dans la campagne, a-t-elle été dédiée à saint Médard ? L’église située sur le territoire de l’abbaye de Sainte-Geneviève était confiée à des chanoines de l’abbaye. Ceux-ci allèrent chercher des reliques de saint Médard pour les apporter dans leur église.

La guide nous a ensuite rapidement montré les différentes et très nettes phases de construction, du XVe au XVIIIe siècle, après que la première église a été détruite et reconstruite pour pouvoir accueillir plus de fidèles.

Par Mbzt — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=52872856

– milieu du XVe siècle : nef et la façade occidentale, par la suite, aux XVIIIe et XIXe siècles la façade sera mutilée et les parties basses seront complètement modifiées).

L’architecte a dû raccourcir les trois dernières travées occidentales.

– 1562-1620 : construction du chœur actuel

– 1784 : construction de la chapelle axiale de la Vierge

Façade de Saint-Médard, rue Mouffetard
Chœur couvert de voûtes en bois provisoires
Vaisseau central de la nef du XVe siècle et chœur bâti au XVIe siècle
Ceux-ci avaient du caractère ! 

Saviez-vous en effet, qu’un curé méprisé par ses paroissiens a dû y concevoir une tribune accessible du seul presbytère pour pouvoir y suivre l’office divin ? Plus tard, un tumulte eut lieu dans le cimetière attenant où l’on avait enterré le diacre François de Paris, homme fort saint. Des fidèles attirés par la réputation de sainteté du diacre, se regroupaient près de sa tombe pour rechercher transes mystiques, guérisons et miracles. Ils avaient des convulsions sur sa tombe et créaient du désordre, tant et si bien que le cimetière fut fermé sur ordre de Louis XIV, qui voyait déjà d’un mauvais œil les fidèles de Saint-Médard de tendance janséniste. On inscrivit sur la porte : « De par le Roi, défense à Dieu de faire miracle en ce lieu »

On n’a plus idée à quel point le jansénisme a dû secouer l’Église parisienne.

Personnellement, c’est la richesse des œuvres d’art qui a retenu mon attention :

  • Une très belle prédelle du XVIe siècle.
  • L’Annonciation, peinte par un anonyme, XVIIe siècle.
L’Annonciation et six prophètes (Isaïe, David, Aggée, Salomon, Jérémie, Moïse), daté 1617, anonyme français. 
  • Un Zurbaran, La promenade de saint Joseph et l’Enfant Jésus,
Francisco de Zurbaran, La promenade de saint Joseph et de l’Enfant Jésus
  • Le Christ mort attribué à Philippe de Champaigne,
Christ mort, attribué à Philippe de Champaigne
  • et aussi, les rares malheureux qui me connaissent comprendront, de l’art déco tardif.

Pour pouvoir accueillir les visiteurs en communauté sur des sites artistiques, se former et avoir des éléments de comparaison, est utile et indispensable. Se retrouver est aussi bien agréable.

Gageons que dans les mois et années à venir, les guides Casa d’Ile-de-France sauront continuer à joindre l’utile à l’agréable, en se rassemblant régulièrement lors d’après-midi ou de journées régionales.

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