Texte d’Agnès Rivière.

Il est 21 heures, la Basilique de Vézelay va fermer ses portes. Le soir tombe et les derniers fidèles et visiteurs quittent l’édifice. Dehors, à mesure que l’obscurité se fait, apparaissent une à une les étoiles sous la voûte céleste. À l’intérieur, plus aucune lumière, si ce n’est la petite bougie rouge près du tabernacle. Le silence gagne les lieux et les cœurs.

La Basilique qui a accueilli tant et tant de visiteurs aujourd’hui, dans un surcroît de vie et de mouvement, regagne désormais la paix nocturne qui est la sienne, laissant monter comme un encens la prière des pèlerins de ce jour, recueillie et présentée devant Dieu par les Frères et Sœurs des Fraternités monastiques de Jérusalem lors du chant de l’office des Vêpres : « Que ma prière s’élève comme l’encens devant toi, l’élévation de mes mains soit un sacrifice du soir. »

Toutefois, la Basilique même fermée demeure un témoignage de la prière des nombreuses générations qui l’ont affectionnée, des différentes communautés qui ont été en charge de ce lieu de culte au long des siècles, haut lieu de pèlerinage et départ principal d’une des routes du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, ainsi qu’aujourd’hui départ du pèlerinage d’Assise. La Basilique au sommet de la Colline éternelle a traversé les siècles et ce n’est pas l’obscurité de la nuit qui la fera oublier ! C’est pour cela qu’un dispositif de plusieurs projecteurs illumine la façade aux heures sombres.

Si à Vézelay c’est une lumière légèrement rosée qui est diffusée, d’autres édifices sont dotés d’un système d’illuminations plus ou moins complexes. Ainsi à Paris, une autre basilique est illuminée de nuit, je pense à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre dont le dôme reste allumé tout au long de chaque nuit et qui se teinte entièrement de rouge lors de la soirée « Mercredi rouge » organisée par l’AED (Aide à l’Eglise en Détresse) pour prier pour les chrétiens persécutés. De même, nous assistons ces dernières années à une multiplication des spectacles sons et lumières en France pour nos chères cathédrales : Chartres, Paris, Limoges, Amiens, Strasbourg, Reims, Rouen, Orléans, etc. !

Quelle signification portent ces éclairages nocturnes ? Éclairer est-ce important ?

Une jeune femme qui traversait une grande épreuve me partageait combien la vue du dôme éclairé de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, signe de l’adoration perpétuelle, l’avait réconfortée. Oui, un éclairage d’un édifice religieux peut soutenir les hommes et femmes en peine car ils peuvent percevoir que d’autres prient pour eux quand ils se sentent faibles.

Certains monuments parisiens célèbres tels que la Tour Eiffel, l’Assemblée nationale ou l’Arc de Triomphe sont illuminés avec des couleurs ou des dessins projetés pour différentes raisons : pour fêter l’Europe, pour figurer le drapeau français, pour promouvoir octobre rose, etc. ; ainsi des illuminations peuvent inviter à la mobilisation, donner à voir des symboles, mettre en avant un monument ou un pays et son système politique, alors pourquoi des édifices religieux n’offriraient pas au monde une visibilité ? C’est le projet des spectacles sons et lumières. Même si à Bayeux ou Chartres, le promeneur déambule dans les rues à la découverte nocturne de la ville, rencontrant des monuments emblématiques politiques, historiques, artistiques, et religieux dans un parcours son et lumières, l’illumination centrale est celle de la façade de la cathédrale. Quelle richesse offrent ces spectacles sons et lumières pour les cathédrales françaises ?

Remontant l’histoire, retraçant la construction et la vie qui jaillit de ces joyaux architecturaux, témoins de la foi qui anime les hommes et femmes de toutes époques, ces spectacles sons et lumières attirent des pèlerins et surtout de nombreux touristes qu’ils soient chrétiens ou non. Ce qui émane de ces éclairages scéniques monumentaux, c’est la recherche de la beauté au service de l’histoire, de

l’architecture et aussi de la foi d’une certaine manière. Ici, la lumière constitue intrinsèquement l’art. Alors pour ces touristes spectateurs n’est-ce pas parfois le premier vrai contact avec une cathédrale ? Dans la nuit, celle-ci ne paraît plus si austère et la curiosité peut parfois germer. Qui sait si demain à la lumière du jour notre spectateur intrigué par le spectacle nocturne n’osera pas entrer dans la cathédrale ?

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