Texte d’Anna Le Pallud, photographies d’Antoine Versluys
A peine débarquée à Reims le vendredi soir sur les coups de 21h[1], je rejoins le groupe en pleine conférence sur les vitraux, donnée par Antoine. S’ensuit un tour de table détendu où chacun se présente et indique la communauté à laquelle il va prendre part cet été. Sont présents les nouveaux guides qui ont pu se rendre disponibles et de nombreux guides expérimentés qui connaissent déjà un ou plusieurs sites, ce qui enrichira grandement les échanges à venir. La soirée se termine par un temps libre et convivial dans notre hébergement, l’occasion pour les uns de faire plus ample connaissance et pour les autres d’aller se reposer.
Le samedi 1er juillet, après un petit déjeuner matinal, le groupe se divise en deux pour participer à un atelier « prise de parole » ou un jeu pour apprendre à manipuler le Casa Quid, et inversement. Piloté par Noé, l’atelier prise de parole consiste à jouer des saynètes entre visiteurs et guides pour voir les bons comportements à adopter. Nous nous exerçons également à poser notre voix, adapter son volume à notre auditoire et gérer son corps dans l’espace. L’atelier autour du Casa Quid lexico consiste à répondre par équipe à des questions le plus rapidement possible afin de se familiariser avec les différentes parties de ce précieux outil. Ensuite, nous partons à pied sous la pluie en direction de la basilique Saint-Remi, les sandwichs chargés dans les sacs. C’est dans cet édifice que nous entrons au cœur du sujet grâce à l’atelier « première visite ». Chaque nouveau guide a 45 minutes pour s’approprier un sujet entre l’architecture gothique et romane de l’édifice, le pavement de l’ancienne abbaye Saint-Nicaise ou le tombeau de saint Remi, évêque qui baptisa Clovis, afin de construire une courte visite guidée pour son groupe. Avec ses 58 mètres de large, 126 de long et ses flèches qui culminent à près de 56 mètres, la basilique Saint-Remi est monumentale. La monumentalité, que l’on devine de l’extérieur, se confirme d’ailleurs à l’intérieur, comme en témoigne, par exemple, son impressionnant déambulatoire desservant cinq chapelles rayonnantes. Après un retour constructif sur nos premières visites, il est temps de prendre le chemin de la salle paroissiale pour une pause déjeuner bien méritée.
Nous rejoignons ensuite la cathédrale Notre-Dame de Reims, l’occasion pour les nouveaux guides de se jeter une fois de plus à l’eau en présentant un des éléments saillants de la cathédrale. Riche d’une histoire complexe de constructions et reconstructions, Notre-Dame présente encore sur ses façades les traces des dégâts causés par les obus de la première guerre mondiale. La trajectoire de l’ange au sourire, qui semble accueillir les visiteurs à l’entrée de l’église, en témoigne : la sculpture est décapitée par une poutre en flammes en 1914, sa tête se brise au sol en une vingtaine de morceaux. Elle sera reconstituée et remise à sa place en 1926. L’architecte rémois, Henri Deneux, qui se charge de la restauration de la cathédrale de 1915 à 1938, consolidera l’ange au sourire et les sculptures voisines avec un ciment métallique. Les vitraux de la chapelle axiale imaginés par Chagall et le tympan de la façade nord représentant le Jugement dernier ont également fait l’objet de notre attention ; de quoi représenter la variété des sites où ont lieu les communautés d’été.
De retour à notre hébergement, nous prenons le goûter avant d’écouter une conférence de Jean sur les reliques. Après le repas, la conférence sur l’iconographie s’est agréablement transformée en jeu d’équipes animé par Laurence et Claire-Elizabeth. Nous voilà à mimer les poissons de la pêche miraculeuse ou encore la colombe au-dessus de saint Jean-Baptiste baptisant le Christ. Les plus courageux sont retournés au centre-ville de Reims assister au spectacle son et lumière sur la cathédrale, visiter la ville by night accompagnés du père Thierry Bettler[1], et prendre un verre.
Le dimanche 2 juillet démarre sur les chapeaux de roues puisque nous sommes attendus pour une visite guidée de l’église Saint-Nicaise et de la cité jardin du Chemin Vert, classée au Patrimoine du XXe siècle. L’édifice religieux décoré par des artistes contemporains de renom comme Maurice Denis pour les fresques du baptistère ou encore René Lalique pour les vitraux et les luminaires, est niché au cœur d’un quartier circulaire construit pour rassembler les ouvriers en leur donnant accès à un équipement social et culturel. A 11 heures, le groupe au grand complet et quelques riverains célèbrent l’eucharistie avec le père Thierry au cours d’une messe joyeuse et animée. Après la bénédiction des guides de l’été, nous sommes invités à déjeuner dans le jardin du père Thierry.
Après un bain de soleil, vient le temps des réunions par site, l’occasion pour chacun de poser ses dernières questions et profiter de l’expérience des anciens guides. Enfin, lors d’un échange par petit groupe, chacun peut s’exprimer et établir un bilan du week-end que nous venons de partager, avant de rejoindre la gare à pied, où nous nous reposons dans l’herbe en attendant nos trains respectifs. C’est ainsi que s’achève ce week-end riche en rencontres et expériences et que s’ouvre l’été et ses communautés d’accueil dans les sites artistiques.
[1] Ancien président de CASA (1989-1991), le père Thierry Bettler, vicaire général du diocèse de Reims et des Ardennes, a été nommé curé recteur de la cathédrale Notre-Dame de Reims à compter du 1er septembre 2023.
[1] Le week-end avait débuté en début d’après-midi par une double visite de l’église Saint-Jacques dont la construction débute au XIIe siècle, maintes fois remaniée ou reconstruite (triforium de la nef en gothique rayonnant, chœur Renaissance, vitraux contemporains de Sima, Vieira da Silva et Benoît Marq).
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