Texte et photographie de Noëlle Sergent.

Peut-être ferez-vous le trajet en voiture. Ou peut-être irez-vous en train.


Ce sera peut-être un jour de pluie et de grisaille ou un joli matin de printemps ou encore
une chaude journée d’été.


Là-haut, ce sera bleu et lumineux ou bien sombre et collant.


À travers la vitre de votre train, les champs, les bois, la verdure, les maisons, les clochers
fileront les uns derrière les autres. Ou bien ce seront des grains de pluie éclatés qui s’écraseront
sous les essuie-glaces de votre voiture.


Par temps sec, les arbres touffus s’ouvriront devant le soleil du matin.


Un jour de neige étouffera les bruits extérieurs, un jour de touffeur ankylosante alourdira
et ralentira vos gestes.


Peut-être ferez-vous le voyage par une fin d’après-midi étiré.


Mais ce jour-là sera celui où vous irez la rencontrer…


Un jour de silence ou un jour de bruit.


Quelques pas de plus, vous entrerez dans le carmel.


Si c’est en fin de matinée, vous pourrez participer à la messe dans la chapelle. Le chant
léger des carmélites encadrera l’évangile du jour et l’homélie qui s’adresseront particulièrement
à vous ce matin-là.

Pendant la messe, vous sentirez sa présence, là, tout près de vous, sur votre droite.

Peut-être irez-vous ensuite dans la cathédrale. Vous en ferez le tour et vous pénétrerez
dans la chapelle où, petite fille, elle participait à la messe avec son père et ses soeurs.
Peut-être prierez-vous…


Ensuite, il se peut que vous montiez la grande côte qui conduit à sa basilique. Lieu très
fervent, aux bras toujours grand ouverts, mais qu’elle n’a pas connu.


Il se peut aussi que vous alliez jusqu’à la maison où elle a grandi. Vous vous retrouverez
parmi les meubles anciens. Vous verrez la cheminée devant laquelle elle a connu la première
grâce décisive de sa vie spirituelle en dominant sa grande sensibilité pour se tourner vers
l’amour désintéressé de ses proches.


Vous monterez les escaliers qu’elle a montés. Vous entrerez dans la chambre où elle a
dormi, vous verrez les jouets avec lesquels elle a joué, vous marcherez dans le jardin où elle a
couru.


Vous n’en sortirez pas sans trouble. C’est bien trop émouvant, bien trop intense…


Pénétrer dans sa maison d’enfance est s’approcher au plus près d’elle, de son souvenir.
C’est se laisser envelopper par son intimité et ressentir la même émotion que celle qui vous
prend lorsque vous rendez visite à un ami pour la première fois.


Enfin, dans votre journée, au moment qui sera le vôtre, vous vous recueillerez devant sa
châsse. Vous resterez en silence devant son sommeil paisible, baigné par les senteurs mêlées
des roses et des lys.


Si c’est à la mi-journée, le soleil, glissant à travers les vitraux, peindra d’azur le carrelage
de sa dernière demeure terrestre.


Si c’est un peu plus tard, ce seront les fleurs près de sa châsse qui se poudreront de bleu.

Peut-être lui demanderez-vous d’intervenir pour vous auprès de Dieu pour obtenir un
bienfait, un effet de Son infinie miséricorde.


Mais peut-être n’aurez-vous pas de demande particulière.


Elle est si puissante, si bienveillante, qu’il n’est pas nécessaire de lui demander quoi que
ce soit. Elle sait ce qu’il vous faut. Vous recevrez, de toute façon, des grâces divines après votre
venue près d’elle.


Son âme, toujours en éveil, intercède continuellement auprès du Père. Elle n’est pas
morte…


Elle voulait passer son Ciel à faire du bien sur la Terre, elle passe son Ciel à faire du
bien sur la Terre selon la volonté de Dieu.


Elle voulait faire tomber une pluie de roses, elle parsème nos pavés rugueux de pétales
de lumière divine.


Petite étincelle de Dieu, elle souffle sur le mal et saupoudre nos vies de paillettes de
miséricorde.


Lorsque vous vous éloignerez, que vous quitterez la chapelle du carmel, fortifié par
votre recueillement, le ciel, même brouillé, se sera éclairci.


Si vous repartez en train, vous aurez peut-être la chance de voir, selon la saison, sur le
quai de la gare, quelques marguerites, le cou tendu vers sa basilique, là-haut, sur votre gauche.


Si vous repartez en voiture, la course des nuages jalonnera peut-être votre trajet.


Mais, c’est une certitude, des rayons de la lumière de Dieu renouvelleront vos pensées.

Ce sera une pluie de pétales de fleurs de toutes les couleurs, une pluie de fleurs
lumineuses qui éclaireront votre ciel et se poseront sur vos jours à venir.


Sainte Thérèse, comment te dire « merci » ?

Restes de Sainte-Thérèse au monastère du Carmel de Lisieux

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